Histoire

Annie Bousquert, live fast, die young !

Publié le 20 avril 2025

Annie Bousquet aimait la vitesse et les sensations fortes. Son record du monde au volant d'une Porsche 550 Spyder fascina ses contemporains en 1955. Mais la tragédie suivit de près son triomphe.

Une jambe cassée marqua le début de sa vie. Ou bien une jambe cassée marqua-t-elle le début de la fin de sa vie ? Personne ne sait comment elle aurait elle-même raconté son histoire. Annie Bousquet nous a quitté il y a plus d'un demi-siècle.

Une chose est certaine : l'histoire de la course automobile aurait été privée d'une légende si Annie Bousquet n'avait pas croisé ses skis en descendant une piste à Sestriere en 1952. C'est pour cette raison qu’elle était assise dans le hall d'un hôtel où elle surprit une conversation entre Alberto Ascari et un ami. Annie Bousquet, née Schaffer fut captivée par les récits d'Alberto Ascari sur le monde au-delà des deux cents kilomètres à l'heure. Quel contraste avec son existence protégée, faite de journées remplies de tennis, de ski et d'équitation. Elle décida aussitôt de donner un coup d'accélérateur à sa vie.

Sa jambe était à peine guérie de son accident de ski lorsque Bousquet s'inscrivit à sa première course, au volant d'une Renault 4CV, le Rallye des Alpes. Lorsque la transmission tomba en panne, elle dut abandonner. Mais ni les pannes mécaniques ni les remarques condescendantes de ses concurrents, majoritairement masculins, ne purent entamer son enthousiasme. Son style de conduite, mélange périlleux de courage et d'audace, fit rapidement d'elle une star. Mais franchir la ligne d'arrivée, comme elle le fit lors des Mille Miglia 1953, était plutôt rare car elle flirtait constamment avec les limites de la physique.

Le 16 août 1955, le record du monde de vitesse féminin était sur le point d'être battu sur l'Autodrome de Linas-Montlhéry au sud de Paris. Comme à son habitude, Annie Bousquet n’avait qu’une seule idée en tête, battre le record du tour de 1934 établi à 215 km/h par Gwenda Hawkes. Elle avait choisi la meilleure voiture de course disponible, une Porsche 550 Spyder spécialement modifiée pour elle par Wendler à Reutlingen. Seulement trois ans et demi après sa première course, Annie Bousquet atteignit le sommet de sa carrière, atteignant une vitesse de 230,5 km/h sur son tour le plus rapide. Euphorique après son temps sur un tour, elle avait immédiatement décidé de battre également le record de l'heure. Mais un pneu éclata à plus de 200 km/h, et sa voiture s'écrasa contre un mur. Le soulagement fut palpable à Zuffenhausen lorsque son télégramme arriva : « Jambe cassée, pas le cou, bon moral. Annie. »

En janvier 1956, son mari Pierre mourut dans un accident de voiture ce qui ne l’empêcha pas de s’engager aux 12 Heures de Reims. Sa 550 Spyder était en révision chez Porsche et ne serait prête que la veille de la course. Annie Bousquet la récupéra à Stuttgart et conduisit cinq cents kilomètres dans la nuit pour rejoindre le circuit. Une fois sur place, elle insista pour prendre le premier relais. Au dix-septième tour, sa roue avant gauche quitta la piste, la voiture fit un tonneau et Annie Bousquet se brisa le cou.

Son nom fut donné au virage dans lequel elle était sortie de la route et l'Automobile Club de l'Ouest, qui organisait les 24 Heures du Mans, interdit aux femmes de prendre le départ de la course, une interdiction qui ne serait levée qu'en 1971…

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